La Maison Passive, acteur incontournable du Passif
Avec une excellente isolation et une habitation pensée pour les économies d’énergie, il est possible d’atteindre des niveaux très faibles de consommation d’énergie. Laissant loin derrière elles le label BBC, les maisons passives représentent aujourd’hui l’excellence dans ce domaine. Cette semaine, nous vous proposons de découvrir ou redécouvrir ce secteur, via l’interview d’un des principaux acteurs : La Maison Passive.
Bonjour Madeleine et merci d’avoir répondu présent à cette demande d’interview. Vos publications via le compte Twitter@LaMaisonPassive sont fréquentes et intéressantes, mais certains de nos lecteurs ne vous connaissent peut être pas encore. En introduction et avant d’entrer dans le vif du sujet, je vous propose de présenter La Maison Passive, et l’équipe qu’il y a derrière.
–> La Maison Passive est une association loi 1901 qui a pour objectif de promouvoir la construction et la filière passive. Ecologiste et proactive, elle part du constat que la transition énergétique est une mutation nécessaire, et propose une solution simple : la construction passive. En effet, en France, le secteur du bâtiment est le plus énergivore avec 44% de la facture totale d’énergie consommée à son actif !
La construction passive, de son côté, est capable de faire baisser de 90% les dépenses de chauffage d’un bâtiment par rapport à une construction traditionnelle. Même par rapport aux constructions BBC, devenues la norme avec la RT 2012, le passif est encore 4 fois moins consommateur d’énergie !
C’est donc la solution nécessaire pour enclencher réellement la transition énergétique dont nous avons besoin, et atteindre l’objectif fixé par le Président de la République de réduire de 50% notre facture énergétique d’ici à 2050.
Au quotidien, La Maison Passive organise son action autour de 3 axes : information du public et des professionnels, formation et délivrance du label « Bâtiment Passif ».
2 – L’année 2014 est déjà bien attaquée. Quel est pour vous le bilan de l’année 2013 ? Quelles ont été les grandes nouveautés ou les faits marquant ?
–> 2013 a été une année plutôt prospère pour les activités de La Maison Passive, et notamment les évènements que nous organisons : les Journées Portes Ouvertes, et Passi’bat.
Les journées Portes Ouvertes s’adressent essentiellement à un public de particuliers, en leur donnant la possibilité de faire l’expérience du passif par eux-mêmes. A la mi-novembre, l’expérience de visiter une maison chaude et confortable est toujours très éloquente !
En 2013, pour la 10ème édition de ces portes ouvertes, plus de 85 bâtiments ont ouverts leurs portes. Surtout, pour la première, fois, le nombre de participants a dépassé les 2 300 ! Certains bâtiments ont été débordés : 800 visiteurs, des groupes de près de 70 personnes à la fois : pour le maitre d’œuvre qui faisait visiter sa construction, ce fut un succès !
Passi’bat, qui se tient début décembre, est un évènement en 3 volets : Salon, Congrès et Circuits de visites sont proposés. Il est plutôt à destination des professionnels. La dernière édition a notamment été marquée par la prise de parole de la Ministre du logement, Cécile Duflot, qui a adressé un message de soutien à la filière passive. Un signal fort et positif ! En outre, cette année, on a compté au total près de 2 000 visiteurs, soit 30% de plus que l’an passé.
Ces taux de participation en nette hausse sont un bon indicateur de l’appétence des particuliers comme des professionnels pour la construction passive.
3 – Le marché de la maison passive se porte-t-il bien, et la demande est-elle régulière ? On pense souvent aux particuliers en entendant maison passive, mais cela concerne également les professionnels à la recherche de locaux sobres ? Qu’est ce qui pourrait selon vous dynamiser davantage le secteur (aides financières, explosion du prix des énergies ?)
–> Nous ne sommes malheureusement pas un observatoire de la construction passive, mais notre position nous permet d’avoir un panorama de la situation. Par exemple, on sait que le nombre de labellisations a bondi de 50% entre 2013 et 2014. Et les demandes de labellisation ne cessent d’augmenter !
Les demandes sont faites pour tous types de bâtiments, même si la majorité des labellisations se fait sur des maisons individuelles. C’est paradoxal, car les bâtiments collectifs et tertiaires sont plus facile à porter aux critères passifs : les parois à isoler sont moins nombreuses, et dans le cas des bâtiments tertiaires, la source de chaleur procurée par les habitants est plus importante. Et puis les activités du tertiaire permettent de développer des techniques innovantes. On peut citer par exemple le cas de la piscine passive de Lünen en Allemagne : la chaleur de l’eau à évacuer de la piscine est transmise à celle à injecter dans les bassins. Une piscine chauffée sans chauffage !
Aujourd’hui, le passif pâtit surtout d’un manque de notoriété : peu de gens savent qu’ils peuvent construire une maison 2 fois moins énergivore qu’un bâtiment BBC, pour un coût équivalent au m² (environ 1500€/m²).
Le 2ème frein est probablement l’esprit de la RT lui-même. En favorisant les aides aux matériels (la partie) plutôt qu’aux bâtiments performants (le tout), il ne met pas l’accent sur les performances énergétique et défavorise les bâtiments passifs.
C’est pourquoi le BEPAS (bâtiment passif) doit être au cœur de la réflexion sur la RT 2020, ainsi que préconisé par les recommandations des groupes de travail du Grenelle de l’environnement.
4 – Existe-t-il des différences ou des écarts avec vos confrères européens, l’Allemagne étant (sauf erreur de ma part) un bon élève dans cette catégorie ?
–> Comme souvent en matière d’écologie, l’Allemagne n’est pas le pays le plus frileux ! Il faut dire que les critères du bâtiment passif tel que nous les connaissons aujourd’hui sont basés sur le projet de 4 bâtiments construits dans la ville de Darmstadt en 1991. En 2011, ce bâtiment a fêté ses 20 ans, avec des performances énergétiques intacts par rapport à celles enregistrées lors de la construction !
Mais d’autres pays se défendent très bien : en Belgique, la région Bruxelles capitale a pris la décision de principe d’appliquer, à partir de 2015, le standard passif pour tout projet de construction ou de rénovation lourde.
Beaucoup plus près de chez nous, la ville de Montreuil a instauré depuis 2012 l’obligation pour tous les bâtiments de plus de 10 logements d’atteindre les critères « Bâtiment Passif »!
5 – Quelles sont les tendances, matériaux ou techniques les plus appréciés dans la construction d’une maison passive ? Quid de la transformation d’une maison existante (rénovation) ?
–> Le principe d’une maison passive est de gérer les apports et les pertes en chaleur. Cela passe donc pas une très bonne isolation et étanchéité à l’air : c’est pourquoi on retrouve dans la plupart des bâtiments passifs des fenêtres triple vitrage, des rupteurs de ponts thermiques etc.
De la même manière, les ventilations double-flux sont omniprésentes : elles communiquent la chaleur de l’air intérieur (chaud) à l’air entrant (froid) et permet donc de se passer intégralement de chauffage.
Cependant, un bâtiment passif est un bâtiment dont la consommation énergétique extrêmement faible (<15kWh/m²/an). Il s’agit d’une obligation de résultat, pas de moyen et il n’y a donc aucun matériau obligatoire.
La rénovation passive est aujourd’hui moins développée que la construction, mais elle est un enjeu majeur si l’on veut réellement faire baisser la facture énergétique globale. Parce que les données de départ sont plus complexes, les critères pour la rénovation passive sont légèrement supérieurs à ceux de la construction neuve : 25kWh/m²/an (contre 15kWh pour le neuf).
En France, plusieurs exemples de construction ont fait la preuve des avantages de la rénovation passive. Parmi les maisons individuelles, on peut citer le cas de la rénovation du pavillon de Magny les Hameaux, en région parisienne. Cette maison typique des années 80 consomme, depuis sa rénovation, seulement 12kWh/m²/an ! Autant dire que les factures sont en chute libre, et le propriétaire, ravi de son choix !
A Saint Etienne, c’est un bâtiment classé Monument historique qui a été porté au standard passif par l’atelier d’architecture Rivat. Le retour d’expérience est impressionnant : durant l’hiver 2012, une panne du chauffage d’appoint est passée totalement inaperçue pendant plusieurs jours. Durant toute cette période, la température s’est maintenue autour des 20° dans les 2 000 m² d’open space que compte l’atelier !
6 – Pour une personne qui se penche activement sur l’acquisition de ce type de construction, quels serait selon vous les événements incontournables à ne pas louper (Passibat, Batimat, Eco bat ?)
–> Passi’bat et le seul évènement 100% dédié à la construction passive. Tous les exposants sont des professionnels du passif : depuis les bureaux d’études jusqu’aux fabricants de fenêtre triples vitrages, tous se rassemblent précisément dans le but d’échanger avec les maitres d’ouvrage.
La prochaine édition de Passi’bat se tiendra du 25 au 27 novembre au Parc Floral de Paris.
Outre cet évènement, La Maison Passive sera présente sur le salon Ecobat, du 19 au 21 mars, au cœur du « Village passif », qui accueillera plusieurs exposants spécialisés. Le 21 mars, nous organisons une journée de conférences sur le passif. Nous serions très heureux de vous y rencontrer pour échanger!
Enfin, la liste des prochains évènements est régulièrement mise à jour sur le site www.lamaisonpassive.fr